
13 mai 2025
Une signature de trop : la CGT Adecco sonne l’alerte
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Depuis quelques semaines, un mot nouveau fait son apparition dans les couloirs d’Adecco : “agent IA”. L’expression a beau sonner futuriste, elle cache en réalité une mutation bien réelle de notre modèle social et professionnel. Et cette mutation s’accélère.
Ce que la communication officielle nomme pudiquement “collaboration homme-machine” est en réalité une transformation du travail intérimaire : Adecco a signé un partenariat stratégique avec Salesforce pour créer une nouvelle entité permettant aux entreprises de recruter des agents d’intelligence artificielle, déployés directement via des outils comme Slack, CRM Salesforce ou d’autres environnements professionnels.
Ces “agents” sont capables d’analyser des CV, de gérer des plannings, de trier des candidatures, de proposer des réponses automatiques ou de guider un salarié humain dans ses tâches. Une nouvelle “main-d’œuvre numérique”, qui n’est ni salariée, ni syndiquée, ni représentée.
Selon un article publié sur IT Social le 27 mars 2025, cette collaboration vise à « optimiser la répartition des tâches entre les personnes et l’IA », à travers la plateforme Agentforce et la place de marché d’agents IA “AgentExchange”.
À première vue, il ne s’agit que d’outils. En réalité, nous assistons à l’apparition d’une force de travail sans statut, sans droits, et sans protection sociale.
L’agent IA ne prend pas de pause, ne réclame pas d’augmentation, ne fait pas grève. C’est donc une variable d’ajustement idéale pour les entreprises en quête de rentabilité rapide. Et cette fois, ce n’est pas dans un avenir lointain : c’est ici, et maintenant.
Contrairement à d’autres qui s’en émerveillent comme d’un gadget technologique ou d’un slogan de start-up, la CGT pose la question essentielle : qui va encadrer cette transformation ?
Quelle place reste-t-il pour les salarié·es de l’intérim ?
Quelles missions risquent d’être transférées aux IA agentiques ?
Quels effets sur l’emploi, la formation, les conditions de travail ?
Quels droits pour les travailleurs remplacés ou déclassés ?
Nous ne sommes pas opposés à la technologie. Mais nous refusons qu’elle serve à effacer l’humain, à contourner le droit du travail, ou à créer un marché parallèle de “travailleurs virtuels” sans responsabilité ni transparence.
L’avenir ne se négocie pas avec des algorithmes. Il se construit avec les salarié·es.
La CGT Adecco continuera d’alerter, de proposer, et de défendre une vision du travail qui reste humaine, solidaire et digne — même à l’ère de l’intelligence artificielle.