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14 novembre 2025
Victoire chez MOWI : la CGT ADECCO et la CGT INTÉRIM imposent l’égalité ...
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Le 26 juin dernier s’est clos au tribunal judiciaire de Lyon un procès hors normes, à la mesure d’un scandale lui aussi sans précédent : le piratage massif des données personnelles de milliers d’intérimaires d’Adecco, survenu en 2020 et révélé en 2022. Treize prévenus, dont un stagiaire de l’entreprise et un jeune homme de 22 ans décrit comme le « cerveau » du réseau, comparaissaient pour une série de cyber-escroqueries d’une ampleur impressionnante. Si les peines requises sont lourdes, la CGT Adecco déplore que l’entreprise, elle, reste à l’écart de toute mise en cause directe alors que sa responsabilité est engagée.
100 000 vies numériques pillées, 100 000 salariés précarisés trahis
Ce sont plus de 100 000 intérimaires – des femmes et des hommes précaires, souvent invisibles – qui ont vu leurs données personnelles subtilisées, exploitées, revendues, manipulées. Numéros de sécurité sociale, fiches de paie, coordonnées bancaires : un véritable trésor pour les escrocs, un cauchemar pour les victimes. Certaines ont vu des crédits contractés en leur nom, d'autres ont été privées d’aides publiques ou contraintes de justifier des actes qu’elles n’avaient jamais commis.
Ces violences numériques ont des répercussions bien réelles sur la vie des personnes. Elles touchent la confiance, la sécurité, l’intégrité même des victimes. La CGT Adecco, qui s’est constituée partie civile dès les débuts de l’affaire, tient à leur témoigner tout son soutien et son indignation face à l’ampleur des dégâts.
Une faille de sécurité humaine révélatrice d’une négligence systémique
L’affaire trouve son origine dans un acte de faiblesse : un jeune alternant, tenté par l’argent facile, a cédé ses accès à un groupe de hackers. Mais peut-on se contenter de pointer un doigt accusateur sur un seul maillon de la chaîne ?
Ce jeune de 20 ans avait accès sans supervision suffisante à une base de données critique. Il n’a pas agi seul, certes, mais il n’a pas non plus été formé, encadré, ou contrôlé avec la rigueur exigée par la sensibilité des informations en jeu. Ce n’est pas seulement une défaillance individuelle : c’est un défaut de sécurisation global, une politique de gestion des risques numériques à repenser.
La direction d’Adecco ne peut pas se contenter d’un silence gêné. Lorsqu’une entreprise confie à des jeunes précaires, sous statut de stage ou de CDD, les clés d’un coffre-fort numérique, elle se doit de mettre en place des pare-feux humains, techniques et organisationnels. Or, les témoignages lors du procès ont mis en lumière des pratiques internes plus que discutables.
Une justice partielle si l’entreprise reste hors du banc des accusés
La procureure a requis sept ans de prison ferme contre Timothée Lhomond, principal prévenu, et jusqu’à trois ans pour ses coaccusés. Des peines fortes, à la mesure des préjudices. Mais où est la justice pour les victimes si l’organisation dans laquelle la faille est née reste dans l’ombre ?
La CGT Adecco réclame qu’une enquête administrative et publique soit ouverte sur la gestion des accès aux données au sein du groupe. Ce n’est qu’en exigeant des comptes de tous les acteurs, y compris des dirigeants, que l’on pourra tirer les leçons de ce désastre.
La CGT Adecco demande des mesures immédiates et durables
Face à cette affaire, la CGT Adecco demande :
La reconnaissance officielle des victimes en tant que victimes de négligence systémique.
L'indemnisation intégrale et rapide de toutes les personnes impactées.
La mise en place d’un audit indépendant sur les pratiques de sécurité informatique et de gestion des accès.
Un plan de formation obligatoire pour tout personnel en contact avec des données sensibles.
L’instauration d’un comité de vigilance numérique incluant des représentants du personnel, pour surveiller et alerter en cas de faille ou de dérive.
La confiance se mérite : elle ne se décrète pas
L’affaire du piratage chez Adecco n’est pas un simple fait divers cybercriminel. Elle révèle les failles d’un modèle qui mise tout sur la rapidité, la rentabilité, et la sous-traitance, souvent au détriment de la sécurité et du respect des travailleurs.
Pour regagner la confiance des intérimaires, Adecco devra faire plus que des communiqués rassurants. Elle devra rendre des comptes. Elle devra agir. Et nous, à la CGT, nous y veillerons.